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Anchor 30082015

Philippe et le  Système  d'Intervention contre le Dirigeant mené par les Alliés

Il était une fois, un grand garçon, nommé Philippe, qui vivait dans une contrée peuplée de soifards, de boulangers crasseux, et de férus d'éducation politique à coups de phrases toutes faites et de pamphlets postillonnants au relent d'anis et de houblon bon marché.

Un jour, ayant atteint l'âge de la majorité , il prit la décision de partir à la guerre, pour prouver à ses parents qu'il pouvait être un grand homme.

C'est alors qu'il intégra le corps des soldats blancs. Il sut, grâce à son érudition et son courage, braver les dangers les plus périlleux, tandis que ses congénères se faisaient terrasser au moindre bombardement de l'ennemi.

Les batailles se succédaient et, sa notoriété avaient maintenant dépassé les frontières de son bourg pour faire le tour du pays. A la fin de la grande guerre, il eu l'honneur de gravir les marches du palais et se fit décorer de la croix du Mérite, notamment pour avoir mener à la victoire les troupes , lors de la bataille de Marcourt.

Philippe eut vingt-sept ans quand il eut pour la première fois une maîtresse, du nom d'Emilie de Lymphe. Sa femme n'en sut jamais un traître mot. Traître, il en fut hélas question quand, alors au faît de sa gloire, une menace encore plus terrifiante allait mettre en péril le piètre équilibre du pays.

C'était bien des années après la fin de la grand guerre, et Philippe n'avait plus exercé l'art de la guerre depuis fort longtemps et était devenu un cancre dans le maniement des armes et des balles. Néanmoins, ses années de conquêtes féminines lui avait permis de maîtriser l'art de la roublardise, de la flatterie et surtout de l'éloquence.

En quelques mois, le pays fut infesté de ces barbares portant des pointes sur leurs têtes et déchirant les tissus ornant les grands organes de décisions du pays par ceux de leur idôle. Ils envahirent en quelques mois d'autres pays. 

 

Philippe fut mis à la tête de son pays et dut, pour sauver son peuple de la destruction, user de ses charmes. Mais le grand Dirigeant eut à subit toutes sortes de séances usantes et interminables de discussions et, un jour, lui donna un ultimatum : soit Philippe s'arrêtait et le grand Dirigeant épargnait la vie des habitants de son pays, soit il détruisait tout. Philippe ne résista pas longtemps et accepta de se taire pour collaborer.

Le réveil fut difficile et le peuple vit ses droits et ses libertés restreindre : moins de pains chez les boulangers crasseux, moins de temps de parole pour les soifards et les piliers de comptoirs, et les affiches, qui sentaient bon l'encre noire de la liberté, sentirent bientôt l'odeur de la propagande et de la délation.

Pendant ce temps, les Alliés, qui préparaient les offensives pour en finir avec les troupes du grand Dirigeant, débarquèrent dans quelques localités stratégiques, pour se rapprocher du coeur de la politique de déconstruction et d'éradication des habitants du pays.

 

Quelques années ont passé et Philippe, en pleine tourmente, se souvint alors de ses parents qui avaient été persécutés par le grand Dirigeant. Il eut une idée pour en finir avec lui : attaquer la source du grand Dirigeant : ses parents. Ainsi, il envoya en secret un message aux porte-paroles des différentes poches de résistance pour leur faire part de sa stratégie. Philippe n'avait certes plus l'énergie pour combattre mais n'avait rien perdu de son génie militaire.

Les Alliés se précipitèrent donc en direction du centre de commandement. C'est à quelques km de là que se trouvaient la maison familiale où les parents du grand DIrigeant passaient leur temps à siroter quelques bons verres de Schnaps et de liqueur anisée.

Ils n'eurent pas de difficulté à les faire prisonniers. Un soldat sortit alors d'un vieux cartable du fils prodigue des plans stratégiques, répertoriés dans plusieurs cahiers et datant de son enfance. Ils indiquaient les mauvais desseins qu'il s'apprêtait à faire subir aux peuples qu'il attaquerait un jour. Il vit notamment le visage de Philippe troué de coups de compas.

Les Alliés avaient ainsi suffisamment de moyens de pression pour faire plier le grand Dirigeant. Ils envoyèrent donc une vidéo pirate sur HiTube, dans laquelle ils imposèrent un ultimatum au grand Dirigeant : s'il s'en prenait à Philippe, les Alliés devraient éliminer ses parents. 

Le grand Dirigeant n'eut pas grand'chose à faire, face à cette vision apocalyptique, que de s'incliner face à la menace des Alliés et dut présenter des excuses publiques. Lui et tous ses sbires durent quitter le pays et se replièrent vers la maison familiale. Mais ses parents, qui ne s'étaient doutés de rien, lui firent une remontrance et lui interdire de pratiquer la politique jusqu'à nouvel ordre.

 

Philippe put revenir dans son palais et remercia les Alliés pour service rendu à la Nation.

Le corps politique put retrouver sa liberté et sa sérénité. Les soifards, les boulangers crasseux, et les férus d'éducation politique à coups de phrases toutes faites et de pamphlets postillonnants au relent d'anis et de houblon bon marché reprirent leur vie quotidienne, dans la joie et la paix.

 

L.P.

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

- Papa, je prend les clés de la voiture !

- D'accord, mais je la veux comme neuve à ton retour.

- Bien.

Je savais qu'il me faisait confiance. Je sortis de la maison, descendis les marches qui faisait jonction entre le domicile familiale et la barrière.

Je me dirigais vers sa voiture. Un break 4 places. La carrosserie étincelait. J'ouvris la porte avant gauche et m'infiltrais sur le siège en cuir de vache. Je défaisais les réglages de mon père et en profitait pour m'imprégner de l'habitacle. Le silence régnait ; je sortis la clé de ma poche et l'inséra dans son réceptacle. 

Elle s'y engouffra, ce qui permit à la batterie de s'enclencher. Soudain, une sonorité agréable sortit des enceintes. Mon père avait laissé un disque de jazz. Le soliste n'était autre que son frère, mon oncle de Bretagne.

Je devais d'ailleurs le rejoindre chez lui pour une petite ballade. Le moteur se mit à vibrer et à cracher ses pulsations binaires. La musique se calait au rythme des cylindres et les chevaux n'attendaient que mon coup d'accélérateur pour prendre le départ.

Je jetais un dernier coup d'oeil dans le rétroviseur et aperçut mon père sur le pas de la porte. Sur ces pieds volaient quelques feuilles aux couleurs d'automne. Il me fit signe au moment où je descendis les quatre roues sur le bitume de la route.

Une fois l'engin sur la voie de droite, je retrouvais mes repères. L'oeil du petit tigre qui était posé sur le tableau de bord avait un léger coup, lui enlevait un peu de sa superbe. 

Trente minutes plus tard et j'empruntais l'autoroute. C'était le chemin le plus long mais j'avais envie d'aventure, de faire siffler les pistons dans les aigus, comme lorsque je jouais de la trompette avec mon oncle chaque veille de Noël depuis quatre ans.

Arrivé au péage, je m'arrêtais juste avant la barrière, à hauteur du distributeur. J'appuyais sur le bouton, ce qui eut pour effet de faire sortir un ticket, m'autorisant de ce fait à rouler sur les 300 kilomètres qui séparaient Rouen des portes de l'Armorique. 

Je mis le son plus fort et, emporté par le swing de l'orgue Hammond, me mis à jouer comme un claviériste expérimenté.

Le crépuscule s'installa alors que j'arrivais à Rennes. Ces couchers de soleil me rappelait des souvenirs. Avec Nellie, ma soeur, on aimait sortir nos instruments dans le jardin, on posait nos supports à partition et nous jouions, rien que nous deux, à l'unisson des reprises de tubes. Tous les styles y passaient : rock, mambo, disco, salsa. Nos parents nous avaient offert, à notre naissance, un pendentif avec une clé de sol. Ils caressaient l'espoir de nous voir faire carrière dans la musique.

Malheureusement, c'est par une voiture que le destin changea de direction : après notre premier concert ensemble, il y a deux ans, elle avait préféré revenir à la maison avec son copain.

Le lendemain, mes parents sont réveillés par l'hôpital : traumatisme crânien. Fauchée par une Mercedes-Benz qui avait grillée un feu rouge. Le conducteur a pris la fuite et, à l'heure actuelle, n'a jamais été retrouvée.

Mes phares éclairèrent la panneau de Douarnenez quelques heures plus tard. Je m'arrêtais quelques centaines de mètres plus tard dans la ferme de l'oncle, qu'il avait achetée il y a vingt-deux ans pour une bouchée de pain et retapée pour en faire sa maison.

- Content de te revoir, mon petit. Je t'ai préparé à manger et il y a de la bière au frais.

- Merci, Tonton. Au fait, j'ai apporté mon instrument.

- Bonne idée. Mon pote batteur arrive demain après-midi, on se fera un petit boeuf. 

- J'ai hâte de me frotter à son talent.

Mon oncle partit se coucher pour me laisser seul avec le chat. En le regardant s'amuser avec sa souris en laine, je me disais que j'aurais aimé être comme lui : vivre ni au passé ni au futur. Jouer me permet d'oublier, de n'être qu'au présent.

 

L.P.   

 

Papa a une voiture toute neuve

Anchor 07092015

Quelques références musicales se sont glissées ( dans le désordre ) dans cette histoire :

 

- Crepuscule with Nellie, Thelonious Monk, 1er enregistrement en 1957

- The Eye of the Tiger, Survivor, 1982

- A Ticket to Ride, The Beatles, 1965

- Autumn Leaves ( Les Feuilles Mortes ), Jacques Prévert et Joseph Cosma, 1945

- The Cat and the Mouse, Aaron Copland, 1921

- Mercedes-Benz, Janis Joplin, 1970

- Take the Long Way Home, Supertramp, 1979

- Papa's got a brand new bag, James Brown, 1966

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