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Guerre de glace

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Le guide inuit m'avait conseillé d'aller voir le chef.

Je pris donc le lendemain matin l'autoroute direction la capitale. Là-bas, le mode de vie des autochtones avaient pris le virage de la surconsommation à l'occidentale : building de glace, hypermarchés où les surgelés s'entassaient sur des dizaines de mètres sur des étals gelés.

Le chef avait élu domicile dans un quartier résidentiel, à l'abri des regards indiscrets.

Devant moi un igloo comme tant d'autres sur cette immense lac gelé depuis des centaines d'années.

J'avais pris avec moi un grigri, acheté à une kermesse locale. Je le mis autour de mon cou puis frappa à la porte.

Un homme m'ouvrit et m'accueilla d'un large sourire.

Il ne ressemblait pas à l'image que je me faisais d'un chef, celle d'un homme aux traits chargés d'expériences et de sagesse, les mains pleines de bagues, vivant dans une maison sombre aux accents kitsch et mélancoliques.

A l'inverse, il était jeune, la mine dynamique et bienveillante. Les murs étaient exempts de toute décoration superflue.

Après les présentations d'usage, nous nous dirigâmes dans la cuisine. Là non plus, ni boule de cristal ni cartes. Il me fit posa les mains à plat sur la table en épicea, paumes vers le sol.

Il posa les siennes par-dessus les miennes. Je fermai instantanément les yeux et revit la scène : les bravos du public scandant le nom du président qui résonnaient, des drapeaux canadiens en lieu et place des drapeaux américains. Puis un zoom se fit sur les gradins. Je l'aperçus et fis un effort pour la cibler : une dame obèse en larmes qui portait un T-shirt, le même T-shirt que j'avais vu le jour du drame. 

Je rouvris les yeux. Le chef enleva ses mains, se leva et se dirigea vers le réfrigérateur. Il en sortit un tube à essai plein d'un épais liquide verdâtre.

"- Prends le tube vert, bois-en tout le contenu et il te renverra dans le passé."

A peine avais-je finis de boire le tube que mon corps se retrouva à flotter dans un brouillard. Quelques instants après, je me retrouvais dans mon lit, le jour où je devais me rendre au stade avec mes amis. J'étais revenu six heures avant la confrontation. La radio repassait le même message, prônant l'interdiction de l'amalgame entre américain et canadien. Il fallait à tout prix prévenir les autorités américaines que notre voisin allait prendre les armes pour nous envahir. 

 

L.P.

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