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Ancre 24012017

Terre, terrain de destruction

Au commencement était une planète, pleine d'eau et de roches

Baignant dans un milieu nutritif, de microscopiques assemblages vivaient en totale indépendance.

Cent millions d'années s'écoulèrent et les premiers organismes apparurent au fond des océans

Diatomées et Dinoflagellées partageaient l'espace aquatique 

En l'espace du même laps de temps, la diversification gagna du terrain

Façonnant ainsi le vivant tel qu'il fut découvert dans les fossiles sous-marins du Pacifique

Gastéropodes et chélicérates firent une apparition remarquée sur terre, d'autant que beaucoup étaient des siamois

Halotolérantes, les algues et les bactéries régnèrent inexorablement pendant 2 milliards d'années

Irrémédiablement, la multiplication des espèces fait épaissir la mer, qui devient gélatineuse.

Jusqu'à 3 560 avant l'Apocalypse, les plantes s'acclimatent et envahissent la surface de l'eau, formant des gouttières de circulation.

Kalium à doses élevées précipite et se dépose sur plusieurs dizaines de mètres dans les fonds.

La veille de l'Apocalypse, les insectes quittent l'Afriquocéanie traversent ces couloirs interminables pour rejoindre le continent américano-européen.

Munies de longues pattes et de mandibules coupantes, elles dévorent le substrat gélatineux

Neuf heures plus tard, elles arrivent en hordes de milliers d'individus et forment une structure géométrique qui nous est maintenant familier : la pyramide.

Orientée en direction du Soleil, elle envoie un message phéromonal leur faisant perdre leur pigmentation.

Perdant leur coloration, elles blanchissent, leur permettant de réfléchir la lumière 

Quartz et mica répandus sur le sol amplifièrent la réflexion, permettant d'élever la température de l'atmosphère

Une heure avant l'Apocalypse, les alizés transmettaient la chaleur par convection sur tout le globe

Vingt minutes avant l'Apocalypse, les fourmis-félin de Papouasie se dévorèrent entre eux, perturbées par la montée fulgurante de température des sols.

Wallis-et-Futuna disparaît en premier ; les sols fragilisés se fissurent et font disparaître des forêts entières, dont la canopée du territoire persan.

Xénomorphes et autres aliens débarquent à dix secondes de l'Apocalypse, venus de la galaxie

Y règne maintenant le chaos où le plancher océanique s'est ouvert et fait couler la gélatine 

" Zéro !" hurle un xéno. La Terre explose, illuminant l'espace d'une lueur d'une blancheur unique "Et un nouvel écosystème de botté !"

L.P.

Jad descendit de la voiture. Ses hauts talons la faisaient vaciller et se cogna contre la portière. Le portier l'aida à marcher mais Jad le repoussa.

- Je sais me débrouiller toute seule.

Elle posa lourdement son pied gauche sur le bout du long tapis rouge qui se gorgeait d'eau de pluie.

Mais elle allait pour poser le pied droit qu'elle perdit l'équilibre et glissa en arrière.

Les photographes, qui s'étaient postés à quelques mètres d'elle, le long de barrières de sécurité, se précipitèrent vers Jad pour immortaliser l'évènement.

- Bande d'abrutis, j'espère que vos photos seront pillés par des millions d'internautes, c'est tout ce que vous gagnerez à me voir trempée.

Malgré l'avertissement qu'avait lancée la jeune actrice, les paparazzis déclenchaient tous azimuts leur appareil photo en rafale.

Les photographes quittèrent le tapis pour rejoindre les barrières. Le portier aida Jad à se relever et lui souffla à l'oreille.

- Ne faites pas attention à eux, ce petit accrochage ne gâchera en rien les souvenirs que vous ferez dans les deux heures qui vont suivre.

- J'ai du mal à vous comprendre, cher ami.

- Vous comprendrez très vite, ma petite Jad.

La jeune femme était maintenant debout et prête à franchir les vingt mètres qui la séparaient du tapis détrempé des marches du siège international du film de Zurich.

C'est alors que l'homme la prit par l'épaule, fléchit les jambes et d'un bond fulgurant, l'emmenant à plusieurs mètres de haut. 

- Regardez, les deux là-haut ! dit un gros photographe d'une voix étouffé par l'improbable performance.

- Hé, l'éléphant, tu devrais arrêter l'alcool, ça te donne des hallucinations, à la longue, lui répondit un jeune photographe blond, à la raie sur le côté droit et au costume trop grand pour lui.

Pendant ce temps, Jad et son portier redescendait lentement en direction des dernières marches, décrivant une courbe parabolique.

- Mais comment faites-vous ça ?

- Si je vous dit que mon père et mon grand-père savait faire "ça", je pense que en savait suffisamment pour comprendre.

Jad, qui venait de poser ses talons sur le tapis rouge sec, faillit perdre l'équilibre un seconde fois mais se ressaisit fermement.

Elle fit travailler ses neurones et se souvint de ce que lui avait raconté son père trente ans plus tôt.

- Papa, c'est quoi dans le cadre, là ?

- C'est un brevet ?

- Qu'est-ce que c'est un brevet ?

- C'est simplement un papier qui m'autorise à fabriquer quelque chose que j'ai inventer, et uniquement moi. Et j'ai donc le droit de le vendre, et uniquement moi.

- Et tu as inventé quoi ?

- Un gène.

- Et il fait quoi, ton gène ?

- Il soigne les troubles moteurs, comme ceux qu'oncle Spitzer a.

- Tonton Spitzer ? Il sait bien me dessiner des hippocampes, tonton Spitzer. Il va bien, Papa ?

- Avec ce que j'ai fabriqué, oui.

- Et, on peut l'acheter, ton gène ?

- Bien sûr, tu peux aller sur Internet, tu le commandes et tu le reçois en ampoule.

- Comme celles qu'on a ici ?

- Oui, ma chérie.

Jad dévisageait l'homme et reconnut les traits de Tonton Spitzer. Il était un ami proche de son père.

- Vous êtes son petit-fils ?

- Je suis Kyle Spitzer.

- Et vous avez ce don, ce gène ?

- Exact. Le gène que mon grand-père a reçut m'a été transmit. 

- Mais pourquoi montrez-vous vos pouvoirs ?

- J'ai retrouvé le brevet de mon grand-père sur un site de vente aux enchères et je l'ai racheté pour un bouchée de pain. Les internautes ont copié le brevet original et en ont fait un produit de consommation. Le gène originel recèle des pouvoirs qui ne se dévoilent qu'après quelques générations. Ce que vous voyez n'est qu'un début et je voulais que le monde entier le sache.

- Je vois. Vous profitez de mon statut d'actrice pour faire votre publicité. Votre soi-disant démarche de mémoire ne serait-elle pas une façon de dissimuler une ambition de faire de l'argent ?

- Mais pas du tout. Vous puez autant l'alcool que la nostalgie d'une carrière éclatante, alors que moi, je parle d'avenir glorieux. Votre père était un héros mais tout le monde l'a oublié, tout comme on risque fort de vous oublier si vous continuer vos apparitions scabreuses.

Jad ne pouvait pas ignorer qu'elle brisait sa carrière.

- Kyle, vous avez sans doute raison. Mon père était un génie et vous lui rendez hommage en quelque sorte. Vous ...

- Ne dites rien.

Kyle l'embrassa lentement.

Les photographes se jetèrent sur eux et les bombardèrent de flash.

L.P.

Gene Kyle danse sous la pluie 

Ancre 05012017
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