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Histoire de vous faire voyager

En voici une qui risque de vous scotcher

Celle-ci se passe dans le sud de la France

Où un lézard faisait sa sieste après avoir rempli sa panse.

Soudain il entendit un lapin, qui gambadait parmi les pâquerettes

Il se remit sur ses pattes et se mit à le suivre

Enthousiasmé de cette aventure qu'il était en train de vivre

Une heure plus tard, le chemin verdoyant se transforma en terrain de pierres

Le pauvre lézard, si bien caché par ses couleurs,

Se trouvait seul à la merci de sanguinaires prédateurs

A la fourrure grise et aux griffes acérées

Il se mit alors en tête de trouver un moyen de les soudoyer

"Si seulement je pouvais devenir comme une de ses couleuvres"

A peine eut-il finit de penser que le destin accomplissait son oeuvre

Ses pattes disparurent et son corps s'allongea

Les lapins tueurs qui l'encerclaient le virent se dresser tel un cobra

"O serpent, tu fais le fier mais ce sera en vain que tu tentera de nous éblouir"

Le lézard transformé fit alors gonfler son cou, ce qui ne prêtait désormais plus à sourire.

L'un des lapins s'approcha et parlementa avec leur nouveau bourreau.

" Nous sommes prêts à vous laisser passer si vous nous épargnez vos venimeux crocs"

Le serpent fut subitement attendri par cette boule de poils devenue inoffensive

Et reprit une position qui s'éloignait de celle de la défensive.

"Vos efforts me ravissent et permettez-moi de vous laisser en vie, chers lapins"

Ces derniers le laissèrent donc continuer son chemin.

Mais plus il avançait sur les rochers, plus son corps le gênait.

Il s'échoua comme un yacht sous le coup de l'épuisement

Son corps redevint alors celui qu'il avait avant l'affrontement.

Notre lézard se réveilla, face au brûlant soleil

Et se jura qu'on arrêtera de l'acheter par la pitié pendant son sommeil.

 

 

L.P.

Le mystère du Costa Cobra

Ancre 10052016

Stan, le premier ayant posé le pied sur le sol, sortit sa lampe torche, l'alluma en l'agitant deux fois de haut en bas et la braqua dans l'obscurité qui régnait depuis maintenant deux heures. 

" Me voilà arrivé, chef, je recherche les traces de pas de ce fumier. Et croyez-moi, je vais vous en trouver des traces. Une parole, c'est une parole. Terminé", dit-il en serrant les dents et en soufflant du nez entre chaque groupe de mots. 

- Stanislas Ochertzev, vous venez d'être reçu dans notre regroupement. Mes sincères félicitations.

La salle s'emplit alors d'un brouhaha d'applaudissements. Le major de la promotion de l'année précédente vient lui remettre son insigne, tout en argent massif, portant la devise du regroupement : "L' espoir est la vérité" , écrite en blanc tout autour.

La lumière flairait depuis dix minutes la moindre trace d'eau, de sang ou de poussière pouvant ressembler à une semelle de chaussure. Stan prit son talkie-walkie et fit un énième rapport à son supérieur.

- Chef, la salle ne recèle aucune trace visible à l'oeil nu. Je vais passer la lampe à ultra-violets. Terminé.

Il rebroussa chemin quand il la vit. Il distingua deux pieds, portant des chaussures de sports impeccablement blanches puis, en remontant le faisceau jaune vif, ses jambes rosées sans le moindre poil, sa jupe rose plissée au fer à repasser et sa veste cintrée blanche.

Il resta sur place quelques secondes puis, voulant finir d'identifier la personne, dirigea sa lampe torche vers ce qu'il pensait être la tête d'une femme. Il eu juste le temps d'apercevoir des dizaines de corps verts foncés ondulants dans l'obscurité et sortant leur langue avant de voir la forme semi-humaine se jeter sur lui.

Stan tomba à terre avec violence et ne sentit pas les vertèbres de son dos se déplacer. La créature se saisit de la seule source de lumière et la braqua sur son propre visage. Stan eut la plus grande frayeur de toute sa vie : ses tentacules entouraient un visage couvert de sang et ses yeux.

Stan cherchait à se débattre pour éloigner les serpents quand, soudain, une immense queue de scorpion apparut au dessus de sa tête : elle se dirigea à toute vitesse sur la poitrine de Stan et alla planter son dard dans son coeur. La glande qui contenait un liquide noir se vida dans son corps. Stan, les yeux révulsés, se recroquevilla par réflexe. Les dernières secondes qui lui restaient, il les consacra à un énième souvenir.

- Papa, regarde, mon camion est cassé ! dit Stan, montrant la carcasse d'un camion de pompier dans ses petites mains. Une des portières et l'échelle pliable tombèrent par terre.

- Tu l'as encore jeté du haut de ton armoire, c'est çà ? dit le père en les ramassant.

- Mais je voulais qu'il vole ! Je lui avais mis des super pouvoirs pour qu'il vole !

- Ca ne va pas plaire à ton oncle si je lui dis que tu lui en as encore cassé un.

- Mais faut pas lui dire, pourquoi tu lui dis toujours quand je casse un jouet.

- Il a tout à fait le droit de savoir, c'est lui qui te les achète. 

- Et toi, pourquoi tu ne veux jamais m'en acheter ?

Une file humaine de plusieurs dizaines de mètres se tenaient le long d'un cordon rouge, blanc et bleu. En tête du cortège funèbre se tenait son fils, serrant la main droite de sa mère. Le corbillard noire laissait entrevoir un drapeau étoilé par la vitre criblée de gouttes d'eau de pluie.

Les pneus faisaient résonner les cailloux encore quelques secondes puis un bruit net de frein à main brisa la triste monotonie de la procession.

Des pas se dirigèrent vers le coffre et l'ouvrir sous les yeux du jeune garçon. Il put alors admirer la splendide dernière demeure de son défunt père, sculpté dans un bois d'acajou fraîchement verni.

Au fur et à mesure que le cercueil se déplaçait, levé par huits bras noirs, le public se massait de part et d'autres de la petite famille.

 

- Des traces d'eau provenant du quai se dirigent vers l'entrée de la salle de réception, chef.

- C'est bien, c'est bien, marmonna le chef du regroupement. 

- Qu'est-ce que vous dites ?

- Rien, je disais que c'était très bien. Continuez vos recherches. Je retournes au bureau pour rendre compte de la situation.

L'homme se dirigea dans la voiture de fonction, une Buick verte année 1984. Après quelques mètres, il quitta le port et prit la route en direction du centre de San Francisco. Son visage se métamorphasa et ses cheveux plaqués s'enroulèrent progressivement pour former une dizaine de serpents vivants, sifflants dans l'habitacle bouillant.  

L.P.

Regroupement Invertébrés Pelagiques 

Ancre 18052016
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