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Rêves de vacances

Grosse déception. Merci pour le cadeau empoisonné. On m'avait conseillé ce voyage, on m'avait dit :"Allez, arrête de bouquiner ces revues pour touristes et prends cette destination, celle-ci, tu vas pas en revenir !" J'ai suivi leur conseil, car ce sont des amis. Enfin, c'ETAIENT des amis. En fait, j'avais le choix entre 4 cartes, soit 1 par destination : 
1/ Un pique-nique sur un radeau de fortune en plein Pacifique avec 6 économistes barbus qui vous exposent leurs théories macroéconomistes de la déflation
2/ Un séjour d'une journée à dos de mouettes, après avoir subit un rétrécissement visant à me faire passer d' 1mètre 82 à 18.2 cm
3/ Le droit de revivre une aventure de Tintin de mon choix parmi : "Tintin et les Picaros" ou "l'Ile Noire", avec costumes et tout et tout
4/ 1 semaine à bord du satellite Hubble

 

Après maintes réflexions, j'avais pris la seule carte qui aurait fait de moi un homme hyper cool auprès de tous mes proches, ma famille, mes enfants, et ma femme. 
Mais, franchement, de vous à moi, nager dans une eau à 6 degrés en Ecosse, sur le dos d'une mouette morte par asphyxie suite à l'ingestion de mazout, et voir la détresse de ce pauvre Hubble qui ne demandait qu'à prendre du bon temps dans l'espace avec moi dans sa capsule, et surtout, se faire ramasser par un barbu sur un radeau défoncé par la chute du pauvre satellite, vous comprendrez que j'ai un peu les nerfs envers mes amis. La prochaine fois, j'éviterais de faire un barbecue bien arrosé pour mon anniversaire, et de lire les souhaits de cadeaux d'anniversaire pourris de mes amis avec une bouteille de whisky dans le nez.

 

L. P.

Force spirituelle
Le travail, c'est la santé
Comble de la mort

"Visitez la maison Frankenstein, et, de votre tombe, vous en serez retourné, mouhahahaha" bouclait sans fin à la radio.

Je me levai laborieusement de mon cercueil et me dirigeai vers la cuisine pour aller m'y prendre un pitch, petite gâterie bien connue des enfants. Je l'avalai avec mon jus de sang et un anticoagulant. Cette fois, c'était un générique que le médecin voulait me faire tester car c'était mieux remboursé par la Sécu, me disait-il. Mais , au fond, je savais que c'était juste pour avoir sa commission, pour finir sa carrière de médecin dans son jacuzzi payé par les innombrables visites inutiles que moi et ma famille devions subir au quotidien. Je le soupçonnais même de vouloir m'empoisonner. 
Ma femme me rejoigna quelques minutes plus tard, en tenue de diva ( ce qui n'était pas son genre ), ce qui me fit avaler de travers le cachet. Pris d'etouffement, elle ne pris même pas la peine de venir m'aider à le déloger. Pendant trente interminables secondes, elle me regardait fixement, en silence, alors que je convulsais. Elle sortit soudainement du gabinlow ( mon cerveau commençant à se déconnecter du monde réel, mes mots n'avaient plus leur sémantique originelle ) puis revint vers moi avec sa soeur jumelle ( alors qu'elle n'a jamais eu de soeur ) et me hurlèrent avec une voix caverneuse : "ton clap de fin approche ! ahahahaha". Je pris mes dernières forces pour lui saisir sa pelle mais je ne braissai que de l'air et, quelques secondes plus tard, m'écroulai lourdement sur le sol, les yeux vides rivés vers le ciel.

 

L. P.

Pour avoir travaillé du lundi au vendredi en horaire décalés pendant 20 ans, j'avais chopé des insomnies. Le week-end , d'ordinaire consacré au repos et aux sorties, était pour moi un supplice car il fallait traîner ses pieds et son corps dans les magasins avec madame. Finalement, au bout d'un mois de sevrage dans la matrice de régénération, je repris doucement un rythme biologique humain normal. Mais la réussite de ce retour n'aurait pas été possible sans les douceurs tactiles de ma masseuse thaïlandaise Ong, qui était aussi délicieuse qu'une pizza Calzone cuite au feu de bois que je dévorai depuis peu avec mes potes. Eux aussi, aidés par le réseau de remise en condition du Réseau Anarchique et Pacifique ( le RAP ), ont échappé à une mort atroce. Finies les parties de poker interminables pour avoir le droit d'acheter une heure de cours en mathématique ou les tournois mondiaux de pierre-papier-ciseaux pour payer la dame pipi. Car oui, on peut croire que l'herbe est plus verte ailleurs mais survivre sur Terre 2 n'a rien d'humain comparé à la vie sur Terre.

 

L. P.

Il fallait un mental d'acier pour lui résister. Mais pas un acier classique, cette fois, c'était de l'acier à haute résistance, un peu comme celui qui composait ma prothèse du pied droit, arrachée 10 ans plus tôt alors que j'avais sauté une haie lors du steeple-chase aux Championnats du Monde de Mexico en 2540.

J'avais déjà remplacé les 3/4 des os de mon corps par des tubes de cet alliage, et même les disques vertébraux, qui avaient fait les frais lors d'une chute de skate au cours d'une finale de Summer X-Games à Paris il y a 20 ans, sont devenus des palets imputrécibles. J'avais dû embaucher un entraîneur hors-catégorie, qui connaissait tout sur le corps humain, ses forces, ses failles, ses marges de progression, ses limites physiologiques et les micro-pathologies, comme le syndrôme de l'effondrement organique ( quand, du fait de l'accélération, tous les organes viennent créer un vide dans le corps, à cause de la force centrifuge ).

Les gains espérés pour cette ultime rencontre avec le redouté "Jean-Pierre" ( "Dieu" étant déjà pris, le monde entier l'appelait ainsi pour rappeler au monde que même le plus fort des hommes reste un homme avant tout, ça évitait de donner aux futurs générations des illusions précoces et de créer des phénomènes de "doping" des performances dès la maternelle ). J'étais le seul représentant des forces humaines physiques à pouvoir lutter contre le représentant des forces humaines cérébrales et les paris étant clos, le combat du corps contre l'intelligence pu commencer.

 

L. P.

Poursuivi par une meute de bergers allemand, j'avais trouvé refuge dans une cabane abandonnée en pleine forêt de Rambouillet, alors que j'avais pu échapper à la torture nazi. J'avais gardé dans mon veston de résistant un briquet. De vieilles feuilles de journal de propagande et des brindilles me permirent de faire du feu. Je sortais une série de photos que mon père avait pris quand nous étions, ma soeur et moi, à Bruxelles près de l'Atomium. Tout me revint en mémoire : les bagages pleins à craquer de souvenirs à l'effigie du roi Philippe, les bouchons interminables sur l'autoroute de la Hennuyère et les ballades tranquilles dans les rues qui entouraient le Maeneken Pis, tellement vivantes et encore insouciantes, à l'aube du drame qui allait s'abattre sur l'Europe comme un pied sur un château de sable fraîchement construit. Encore quelques secondes de répit, et les aboiements se firent de plus en plus fort. La porte explosa en mille morceaux, des gueules affamées remplies de rage se jetèrent sur moi. Adieu les moments de farniente sur la plage d'Ostende, adieu les parties d'échecs dans le jardin en famille sur les genoux de papy, adieu amis résistants, que ces souvenirs d'une Europe libre brûlent dans les cendres encore fumantes d'un feu qui n'attendait qu'un sauveur pour se raviver.

 

L. P.

 

 

Ca sent les vacances

Le parc Bagatelle fut le théâtre d'un évènement hors du commun. Je venais de céder à une de ces pulsions alimentaires foudroyantes en commandant un sandwich thon-crabe-crudités-échalotte avec une savoureuse eau plate et j'étais attablé , dévorant non sans tendresse ce merveilleux festin quand un homme vint s'asseoir à côté de moi, dépareillé, une bouteille de Villageoise à moitié vide à la main, et ayant visiblement évité le passage d'un savon sur le corps depuis pas mal de semaines. 
Ayant vaguement compris qu'il souhaitait faire le partage de quelque conversation avec moi ( les cris qui émanait de sa gorge ressemblait plus à un mélange d'un monologue de Chubaka et des cris émis par une baleine femelle en plein orgasme ) , je sentis les odeurs de crasse et de vinasse taper dans mes fosses nasales, et atteindre rapidement mon cerveau, ce qui eu pour effet d'activer une zone corticale supérieure, appelée vulgairement "zone des fantasmes négatifs" . Les mots me manquent pour décrire le sentiment envahissant que me procura cette rencontre entre le sublime de mon repas et la décadence de cet individu. Moi, Jean-Hubert de Baisenville, général des armées françaises à la retraite, ayant dirigé d'une main de fer les troupes en Irak et en Afghanistan sous les bombes, fit l'expérience de la peur pour la première fois. Celle de la mort aurait été, à ce moment-là pour moi, salvatrice. D'après les dires de ma femme, des gens ont même vomi, tellement mes cris d'effroi empestaient la frayeur.

 

L. P.

Pause dégoûtée
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