top of page

Je fixais la propipette sur la pipette graduée. Les gestes automatiques de mes mains gantées appuyaient sans nervosité sur les boutons pour permettre au mélange d'être aspiré. 

Une fois terminé, je déplaçais d'une main le plateau rempli de micro-tubes, de l'autre je répartissais les 250 millilitres du mélange à l'intérieur de ces tubes.

- Tiens, tu peux les récupérer. Il ne reste plus rien dans le bocal, dis-je à Sébastien, un de nos chimistes.

- Ok, je fais les analyses tout de suite. J'aurais les résultats d'ici une demi-heure.

- Super, à plus tard.

J'enlevais mes gants et les jetais dans la poubelle, rejoignant les emballages plastiques et nombre de ses congénères, tous comme les miens retournés, voués à une incinération future.

Je déposais ma blouse sur la patère, attendant d'être désinfectée, et rejoignis l'équipe qui s'était attablée autour d'un vidéo-projecteur.

- Ca y est, j'ai terminé. Sébastien se met en route pour la dernière phase.

- Bien, nous allons donc pouvoir commencer. Sybille, tu veux bien éteindre les lumières, s'il te plaît ?

Sybille, qui était la plus proche de l'interrupteur mais ne voulait pas quitter sa chaise, se pencha légèrement, laissant entrevoir la naissance de ses seins.

- Merci. Chers collègues, chères collègues, voici les derniers résultats de notre analyse sur cette pierre. Sébastien devrait nous informer des derniers détails de cette analyse dans peu de temps.

Tout d'abord, je tiens à tous vous remercier d'avoir pris sur vos congés pour participer à cette aventure.

Nous sommes en passe de rentrer dans l'Histoire de la géologie spatiale.

Il applaudissait, et nous le rejoignîmes dans son enthousiasme.

Il passa une vingtaine de minutes à nous rappeler les enjeux de l'analyse de la pierre qui avait été découverte quatre mois auparavant, lors d'une expédition sous-marine à l'ouest du Groënland.

Il présenta les découvertes faites à partir de la découpe en couche ultra-fines de la pierre, permettant une observation au microscope électronique.

- Cette pierre est d'origine extraterrestre et contient de la vie mais nous devons savoir de quelle planète elle provient et s'il est posssible de la développer dans nos laboratoires. C'est notre objectif de répondre à cela. Toutes vos compétences ont été mises à rude épreuve et c'est la dernière ligne droite aujourd'hui.

Nous devons communiquer les résultats définitifs demain matin lors de la conférence annuelle. Les géospatiologues, géospatiophysiciens et les étudiants du monde entier seront présents.

On entendit frapper à la porte. C'était Sébastien qui venait apporter ses résultats.

- Professeur, je n'ai pas de bonnes nouvelles.

Son visage se changea alors.

- Montrez-les moi tout de suite, dit-il comme s'il s'adressait à un jeune enfant qui aurait sali ses mains.

Il prit ses lunettes, qui étaient dans sa poche droite de blouse, et les enfila.

- Je reviens dans quinze minutes. Vous pouvez vous prendre un ristrette à la cafétéria.

La tension s'installa soudainement. Nous ne savions plus quoi dire.

Mon téléphone sonna dans ma poche de pantalon. Je décrochais péniblement.

- Allô, chérie ? 

- Oui, je t'appelles car la petite ne va pas bien du tout. Elle a beaucoup de fièvre depuis ce matin.

- Pourtant, elle était tombée hier ?

- Oui, mais c'est revenu peu de temps après que tu sois parti. J'ai remarqué qu'elle avait de nouveau les joues rouges et bouillantes et n'arrête pas trembler et de pleurer. Le médecin va passer. Je te tiens au courant.

- Ca marche. Je dois te laisser, la réunion va reprendre. Bisous.

Le professeur nous enjoignit à revenir dans la salle de visionnage.

- Nous avons un problème. En effet, les éléments vivants que nous avons détectés sont des protéines pathogènes, proches de celles qui existent sur Terre comme le prion. Malheureusement, nous sommes obligés, pour des raisons de sécurité, de rester confinés ici car nous représentons un risque de sévère contagion. En effet, malgré toutes nos précautions, il n'est pas impossible que l'un d'entre vous ait été contaminé par mégarde par une de ses protéines.

Je ne fis pas le rapprochement tout de suite mais quelques heures après l'annonce de notre isolement que je me souvins qu'une fois, j'avais observé sur mon gant gauche une minuscule déchirure sur le pouce.

La nuit tomba et les lumières s'éteignirent automatiquement. Seule la lumière des sorties de secours restaient allumées, comme une lumerotte pour nous aider à calmer nos appréhensions.

 

 

   

L.P.

Prions propice à la prolifération

bottom of page