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L'arme pointée vers la bande de zinzins

Un homme caché dans un tonneau aux relents de raisins

La nuit tombée, les derniers clients s'en sont allés

Retourner dans leur maison, titubant sur Ellington Alley

L'homme tenant l'auberge leur ordonna qu'ils se taisent

Les considérer comme des gars respectables ne faisaient pas partie des hypothèses

Qui auraient permis à Wilson et sa famille de vivre en paix à Smart City

Les cauchemards incessants, les hurlements qui résonnaient comme dans un amphithéâtre

Le hantaient depuis deux semaines et avaient causé la destruction de plusieurs vases d'albâtre

Le jour qu'il s'était fixé pour les éliminer tombait la veille du grand Caucus

Sa femme aurait du y participer mais elle fut assassinée, tentant de briser le blocus

Qu'avait organisé la milice du village voisin

Empêchant ma femme d'aller voir son cousin

Tentant une ultime sortie, elle fut prise en chasse

Bloquée dans un cul-de-sac, elle fut tuée d'une arme à culasse

J'entrepris de m'en procurer une chez Summerspring et Fils

Et de m'entraîner au tir, planqué derrière un trou, pour qu'une balle les punisse

Le jour fatidique, avec la complicité du maire, les assassins furent conviés à un banquet

Sans s'imaginer que j'attendais dehors pour fermer leur caquet.

Pour qu'aucun d'eux n'aient de soupçon, il fallait répondre à toutes leurs spécifications

Mêmes les pires, comme de forcer le maire à présenter son abdication

Tard dans la nuit, il finirent par sortir. L'un d'eux portait aux jambes deux prothèses

Je le visais en premier ; il s'effondra et ses membres plièrent, prenant la forme de parenthèses

Avant de rompre, entraînant dans sa chute celle des trois autres escrocs.

Un de mes frères lâcha les chiens, qui vinrent leur tenir compagnie à coup de crocs

Je les achevai de plusieurs balles dans la poitrine 

Le maire les fit jeter dans une fosse commune dans la ville voisine

Vengeance fut faite et le poids de la douleur

Allégé, pouvant partir à la conquête de jours meilleurs

L.P.

Le tonnerre du tonneau

Ancre 15062016

Les blés prenaient à présent une teinte blonde. Le soleil, chargé de ses photons, prenait quant à lui ses couleurs rouge-orange.

Les moustiques firent leur apparition dans la cuisine. Une tasse de café froid trônait près de la cafetière, rempli aux trois-quarts du liquide marron-noir.

La photo du patriarche avait fini sa chute sur le sol de la cuisine. Son sourire, surmonté d'une moustache poivre et sel d'une parfaite uniformité, semblait se moquer de tout ce qui traverserait le ciel. Dans la mesure où la maison avait perdu son toit pendant le séisme, n'importe quel oiseau se sentirait offusqué.

- Une maison charmante, située en pleine nature, monsieur. Elle comporte tout le confort moderne : salle de bains climatisée, cuisine climatisée, 2 chambres d'enfant et une chambre d'adultes également climatisée, et une salon pouvant accueillir un billard américain.

- Le descriptif que vous m'en faites est très alléchant, madame, mais le prix me semble encore une fois trop élevée.

- C'est parce que cette magnifique maison est construite sur un terrain proche des monuments historiques de la ville.

- Ceux qui ont été classés cette année par l'UNESCO ?

- Ceux-là même, monsieur.

- Alors ça change beaucoup de choses. Nous allons réfléchir. On y va, chérie ?

- Bien, mon chéri, dit la jeune femme enceinte, visiblement sous l'emprise de la chaleur suffocante qui régnait dans la maison.

Anabelle poussa les hauts cris en voyant la photo à terre :

- Grands dieux ! Elle est toute abîmée maintenant. Père va encore se fâcher qu'on le laisse sur le plancher.

- Encore ses fichus tremblements, grommelait Pierre. Ce faiseur d'horloges gardait toujours un oeil sur ses créations, qui n'attendaient que d'être vendues. 

- Voilà, je l'ai remise à sa place, à côté du grille-pain. 

- On mange quand, chérie ?

- Quand tu feras à manger, mon canard. 

Un long silence se fit, suivi d'un soupir. Pierre finit par se lever. Il ouvrit la porte du garage. Le soleil inondait son espace de travail. 

- Bizarre, il est 22 heures 17.

Il vit alors deux ombres se diriger sur lui puis les vit exécuter une sorte de danse devant ses yeux. Il s'effondra sur sa table de travail, paralysé. 

- Anabelle, on la prend, alors ?

- Je ne crois pas, non.

- Mais la femme de l'agence était convaincante ?

- Elle a juste fait son travail. 

- Chérie, allez ! Le garage est immense, je vais pouvoir réaliser mon rêve !

- Ton rêve. Toujours ton rêve, et encore ton rêve. Et le mien ? Tu y penses ? Je ne sais pas si tu te rappelles, mais un futur petit bonhomme demande un peu de confort. Cette maison est au milieu des champs et des escargots, et les voisins sont des statues.

- Le jeu en vaut la chandelle, Ana, je te le jure. La vendeuse m'a aussi dit que des constructions étaient prévues dans les prochains mois. On ne sera pas tout seul, je te le promets.

- Allô ? Il y a quelqu'un au bout du fil ?

- Nous sommes à votre écoute, madame.

- Oh, merci. Voilà, j'ai une requête à vous faire. Mais avant, promets-moi que tout cette conversation restera confidentielle.

- Pas de souci, madame. Notre politique est basée sur la confidentialité.

- D'accord. Je souhaiterais donc commander la formule "Parapluie".

- La quoi ? Je regrette, mais nous ne sommes pas en mesure de satisfaire votre demande. Désolé.

- Comment çà ? C'est un de vos articles ? En quoi est-ce un problème ?

- Vous avez consulté notre catalogue destiné aux gouvernements, je suppose. 

- Et j'ai une bonne raison pour passer commande. Mon mari me fait vivre un enfer. Notre maison est entourée de champs et sa promesse d'un voisinage agréable s'est soldée par un échec. Il faut une chaleur torride depuis un an et, pour couronner le tout, mon fils a succombé à une déshydratation. Mon mari est obsédé par son rêve de vendre des horloges.

- Si je comprends bien, vous faites appel à nos services pour vous débarrasser de votre mari ?

- Vous avez parfaitement compris.

- J'espère que vous savez ce que vous faites. Parce que cette formule est la seule à faire appel à des extraterrestres.

- Sans mauvais jeu de mots, j'aurais personnellement appelé cette formule l'"Arc-en-ciel" . Et pour votre information, je peux payer. Mon père m'a légué à sa mort son entreprise de boissons rafraîchissantes. Celle-ci est côtée en Bourse et rapporte, avec la canicule qui sévit.

- Bien madame, je fais transmettre votre commande. Vous serez livrée dans trois mois, le temps des préparatifs.

- Merci, monsieur. Merci beaucoup.

L.P.

Le dernier coucou va bientôt sortir

Ancre 21062016
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