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Anchor 27072015

From Denver To Alger

Jeudi soir, un soir comme tous les autres. Je rentrai du travail et me posai dans mon petit canapé douillet. J'allumai la télévision et tombai sur une émission consacrée à Elvis Prestley.

J'avais pour habitude de changer souvent de chaîne mais, cette fois-ci, ayant une envie de flémardise, je m'attelai à suivre du début jusqu'à la fin ce programme.
Je ne fus pas déçu de cette aventure télévisuelle : j'eus l'impression qu'une
éternité avait passé alors que le reportage n'avait duré qu' 1h30.

L'enfance d'Elvis n'avait rien d'ordinaire ; l était né en 1935 dans une caravane au sein d'une troupe de cirque ambulant, dans le Colorado.

Son père était jongleur et sa mère jouait de la clarinette dans l'orchestre du cirque.
Jusqu'à l'âge de cinq ans, il passait ses journées avec le petit fennec que son oncle paternel lui avait offert à sa naissance.

C'est à cet âge qu'il commença à prendre des leçons de jonglage. Malheureusement, il n'était pas très doué. Par contre, la guitare qui était posé près de la clarinette maternelle le fascinait.

Il prit des leçons auprès du guitariste attitré pendant quatre ans. Une anecdote racontait qu'un jour, son père le surpris en train de prendre une leçon. Il s'approcha de la guitare et la brisa en deux.

Il s'excusa dans un premier auprès de son guitariste à qui il promis de lui en racheter une et punit son fils pour avoir pris des cours en cachette. Il dut nourrir le chameau pendant une semaine. Mais, alors qu'il commençait à nourrir l'animal avec du foin, il se mit à chanter un des morceaux qu'il avait appris, On The Sand of El Paso ( ou "Sur le Sable d'El Paso "). Son interprétation était tellement émouvante que tout le monde sortit du cirque pour voir à qui appartenait cette voix.

Sa mère supplia son mari de le laisser au moins chanter dans l'orchestre cette chanson.

Il n'eut pas d'autre choix que d'accepter.

Les années passèrent et, quand il eut 16 ans, il avait déjà acquis une petite réputation chez les musiciens de cirque. C'est à cet âge qu'il prit la décision, contre la volonté de ses parents, de quitter le cirque pour tenter l'aventure de la vraie vie en ville. Il posa ses valises à Denver chez un ami musicien qu'il avait rencontré quelques années auparavant. Son père possèdait une petite radio locale et Elvis put alors faire ses premiers pas radiophoniques, ainsi qu'un public que le surnommait alors le Petit Indien Blanc, car il avait toujours l'habitude de commencer ses performances vocales par un chant cheyenne. Pour gagner sa vie, il était agent d'accueil à ce qui deviendra le parc national de Great Sand Dunes.

A 18 ans, il partit faire son service militaire en Afrique, dans une caserne américaine d'Algérie. Il découvrit un mode de vie fait de prières, de repas à base de semoule de blé, de chant religieux et surtout d'une langue incroyable : l'arabe. Emu par cette culture fascinante, il prit la décision, après son service militaire, de rester vivre en Algérie. Il se convertit à l'islam mais dut faire des voyages réguliers entre l'Afrique et l'Amérique, afin d'assurer sa notoriété musicale qui prenait une ampleur démesurée. Pendant 20 ans, il passa son temps entre l'entretien des nombreuses oasis qu'il avait acheté et ses concerts aux Etats-Unis.

Son décès, le 16 août 1977, fut une profonde blessure, tant pour ses fans que pour tous les algériens avec qui il avait travaillé. Ces derniers furent invités par le président des Etats-Unis à l'enterrement.

De même, toute la famille d'Elvis et ses amis circassiens furent reçu en Algérie à la cérémonie d'hommage. 

Depuis ce jour, le fameux That's All Right Mama est diffusé chaque 16 août à 10h00 simultanément à Denver et à Alger.

Une fois le reportage terminé, je coupai la télévision et, comme par réflexe, j'alla m'écouter un peu d'Elvis sur YouTube. 

 

L.P.

Trinquons pour une santé de fer !

Le dernier jour du mois approche à grand pas. Je consulte mon compte courant depuis une semaine et toujours rien.

J'appelle ma femme toutes les heures et je lui pose la même question. Elle me donne à chaque fois la même réponse : "Non, rien". Plus les jours passent et plus je sens chez elle de l'exaspération dans sa voix.

Je me ronge les ongles, l'attente est devenue insupportable. 

Tous mes projets sont sur le papier, dans ma tête, dans le futur, un futur que je vois de moins en moins arriver.

Tout a commencé il y a trente ans. Ce lundi, le temps avait tourné à la canicule et j'entamais les préparatifs pour notre croisade mexicaine.

Mes hommes et moi étions armés de sabres et habillés de manière à nous camoufler dans le desert. Le sergent Smith était affairé à consulter le plan de bataille.

- Il nous faudra économiser nos forces, car le soleil est étouffant, et nos ennemis vont s'en servir pour semer la confusion dans notre armée, affirmait-il d'une voix sûre et calme.

- Il nous faudra penser à boire de l'eau salée, déconnecter nos reins et brancher les filtres d'eau salée.

- Exact. Bien, nous pouvons partir, à présent.

Le sergent Smith et moi-même étions chargés de commander les 10 000 soldats de notre flotte humanoïde.

Les milliers de kilomètres qui séparaient Montréal de la frontière mexicaine furent avalés en trois heures.

Mais, une fois arrivé à El Paso, un problème de taille se posa : un immense fracture, profonde de 2 kilomètres et large de 1500 mètres s'y était formée. Des centaines de maisons s'étaient retrouvées au fond de la crevasse, suite aux éboulements de terrain consécutifs à la formation de la fissure.

- Si nous voulons passer de l'autre côté de la frontière, il va nous falloir construire un pont, affirma Smith de sa même voix.

- Mais vous ne voyez pas qu'il n'y a que des galets ici ?

- Si, mais il va falloir faire avec. Si vous voulez récupérer l'or que nous ont volé ces bouffeurs de tortillas, je ne vois pas ce que l'on peut faire d'autre.

Le soleil était si chaud que la sueur n'avait pas le temps de perler sur nos fronts ; elle s'évaporait instantanément. Heureusement, nous avions activé nos diffuseurs d'eau, répartis dans le derme de notre peau, si bien qu'on sentais l'eau se répartir dans l'épiderme chaque minute. L'envoi de l'eau était assuré par les pulsations cardiaques, dont le rythme avait été modifié par notre physiologiste en chef, Buck O'Hameth., pour limiter les pertes de chaleur et d'eau.

Soudain, le ciel s'assombrit et les nuages foncèrent sur le soleil pour l'éclipser, faisant chuter la température d'une vingtaine de degrés Celsius. La pluie ne tarda à tomber, en fines gouttes d'abord puis de plus en plus grosses et des trombes d'eau s'abattirent sur le sol.

Soudain, les neurones ayant retrouvé leur fonctionnalités, j'eu une idée.

- Smith, si, au lieu de construire un pont, on laissait l'eau s'engouffrer dans la crevasse. De cette façon, nous pourrions envisager de traverser la crevasse à la nage.

- Excellente idée, sergent Matt. Mais s'il n'y a pas assez d'eau ?

- Et bien nous utiliserons nos diffuseurs pour combler le manque d'eau.

- Exact, avec nos 10 000 hommes, nous avons l'équivalent de plusieurs centaines de mètres cubes d'eau. 

Le vide nous paraissait de moins en moins impressionnant à mesure que la pluie tombait dans la crevasse. A mi-hauteur, elle cessa ses bombardements aqueux.

Le sergent Smith fit un saut périlleux avant dans ce lac artificiel et se mit à nager sur quelques mètres, avant d'être rejoint par nos hommes. Je fus le dernier à plonger.  En levant les yeux, j'eu l'impression d'être une bulle dans un verre d'apéro qui remonte à la surface après une traversée du verre.

Nous n'eûmes pas besoin de vider nos diffuseurs ; la roche était suffisamment stable pour nous permettre de grimper. Nos ongles s'étaient rétractées pour faire place à des triangles d'acier qui nous servaient alors à aggriper la roche.

Une fois arrivée à la surface, nous reprîmes notre ballade et arrivâmes devant le temple. Là, nos ennemis  prirent la fuite, ne s'attendant pas à nous voir sain et sauf.

- Les mauvais esprits invoqués par notre chef auraient du tous vous tuer !

- Dommage pour vous, affirma le sergent Smith. Cette fois-ci, son éternelle voix posée me désarçonna au point de me faire rire. Les gardes furent assommés et nous pénétrâmes dans la banque centrale de Mexico, pendant que nos hommes se battaient avec l'armée mexicaine.

Une fois l'or récupéré, nous retournâmes vers Montréal, cette fois-ci sans déluge ni crevasse.

Pour nous féliciter, le président ordonna que nous soit versé 4000 dollars par mois à vie, net d'impôts, à tout l'équipage.

Finalement, le dernier jour arriva et ma femme me répondit pour la première fois : "Oui,  c'est bon".

Je vis mes dernières heures et tout l'argent que j'ai placé servira à construire le premier laboratoire d'expérimentation sur la synthèse de l'acier par les tissus vivants.

 

L.P.   

Anchor 24082015
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