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Le musée venait d'ouvrir ses portes. Les habitants du quartier furent les premiers à en bénéficier, suivi du reste de la ville trois mois plus tard. Un an après, les lumières s'éteignirent pour ne plus jamais se rallumer. 

Un siècle plus tard, le 14 avril 1820, cinquante personnes furent retrouvées enfermées dans l'aile de l'ancien musée qui avait servi naguère à l'exposition du tableau le plus imposant jamais peint par Oscar Lidven.

25 ans passent et le même événement se produisit, mais cette fois , les animaux domestiques sont de la partie : 150 chiens et chats et 24 serpents sont retrouvés morts par la police dans la galerie des animaux qui ont été décimés par l'Homme.

Puis, tous les quart de siècle, des phénomènes similaires se produisent, et ce dans des pièces différentes chaque fois.

Je lisais, la pendule de la maison familiale juste derrière moi, le livre que m'avait offert mes parents pour mon anniversaire. Il avait été écrit par un descendant du seul et unique gardien de ce lieu de culture.

Généreusement garni de 325 pages, cet ouvrage fut tiré à seulement 1720 exemplaires, comme pour garder à l'esprit que c'est cette année-là que le musée Berinder eut ses seules heures de gloires.

Après des nuits passées à le lire dans mon lit, sous la lampe de chevet, des centaines de fois, mes études s'orientèrent tout naturellement vers l'histoire de l'Art. Je décidais d'écrire ma thèse sur ce musée qui me hantait, jour et nuit, comme une prémonition qu'il fallait que je conjure le sort qui était encore réservé aux habitants du quartier Berinder.

J'avais appelé la commune pour avoir les clés du bâtiment. Je la reçus des mains du directeur du Laboratoire de Recherche Paléontologique. Mais,ce qui devait être une journée de découverte des différentes pièces du musée se transforma en une descente accélérée dans l'Histoire.

En effet, à peine avais-je ouvert les portes qu'un son quasi-inaudible se fit entendre. Je me mis à chercher d'où pouvait provenir ce son et, c'est en pénétrant dans la galerie principal que je vis la source émettrice de ce son : une momie avait, selon toute vraisemblance, quitté son sarcophage. Elle courrait dans tous les sens, laissant derrière elle d'innombrables morceaux de papyrus. Une gigantesque fresque, symbolisant le passage vers l'au-delà, se mis à prendre vie : Osiris sortit le premier et pris possession du siège de style Louis XVI comme d'un trône.

Les cartouches , dans lesquels étaient inscrits de prières pour sauver l'âme de la défunte prêtresse ( dont les cris se faisaient toujours entendre ), quittèrent leur berceau mural et se déplacèrent de plus en plus vite autour de l'obélisque, réplique miniature de celle installée à Paris. Les nombreuses jeunes femmes qui faisaient parti du décor atterrirent sur le sol et commencèrent à étendre un immense drap noir vers le plafond, dont la taille fut telle que plus une seule onde de lumière ne traversa la pièce.

"Que l'esprit d'Osiris occulte la lumière de Râ et fasse naître les ténèbres en ces lieux", répétèrent-elles inlassablement d'une voix monocorde.

J'avais toujours le livre sur moi. La scène apocalyptique fit qu'il me tomba des mains. Je pris ma lampe torche, et vis qu'il s'était ouvert à la page où, justement se tenait la fresque qui prenait en ce moment vie.

Soudain, je sentis une présence derrière moi. Je me retournais et vis un homme, grand comme un enfant de 12 ans, une crosse dorée représentant un cobra en position d'attaque.

"Qui es-tu ?" m'adressais-je à l'individu.

Il se débarrassa de sa capuche et ce que je vis me stupéfia : son visage était la copie conforme du mien.

"Tu es la réincarnation du prêtre d'Osiris", me répondit-il d'une voix grave.

Il me raconta que j'étais une sorte de chaman, et que j'étais seul capable de faire arrêter la malédiction qui sévissait depuis la création du musée.

Il me tendit alors sa crosse. Quand je la saisis, une lumière intense baigna la salle et, tous les éléments de la gigantesque représentation se concentra vers le tourbillon qui venait de se créer au plafond. Le calme revint. Le cri s'était tut. L'homme et mon livre avait disparu, et il ne restait plus rien de la fresque égyptienne.

Je pris la direction de la sortie et reparti chez moi.

Les années passèrent sans qu'aucun évènement ne vient plus jamais perturber la vie de l'ancien musée.

 

L. P. 

 

La page est tournée

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Mission Back to the Roots

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Des fleurs hautes comme l'Empire State Building, la rosée du matin tombait , tel un déluge d'eau pendant la mousson. Les yeux ouverts, je me levais, pris une feuille et l'enfilait autour de la taille pour m'en faire un pagne.

Ma femme, encore endormie, avait ce sourire qui laissait soupçonner un rêve agréable.

Je bu une bonne grande tasse de café brûlant. Le grain qui nous avait été gracieusement offert par la Maison de l'Unité de la Russie - dont l'acronyme, MUR, était gravé dessus - allait être périmé.

Je me dirigeais vers mon bureau, juste à côté de notre chambre. Le télétransmetteur se mit automatiquement en route à mon approche.

"- Bonjour, maître, je suis prêt à télétransmettre"

"- Ton premier message sera ..."

Je me mis à lui communiquer une série de mots, que j'avais écrit la veille avec la version 5.2.33 de l'alphabet cyrillique.J'espère qu'un jour, le gouvernement russe se calmera, les mises à jour deviennent de plus en plus fréquentes et il faut tout réapprendre à chaque fois.

Je devais faire vite. La radio clandestine avait annoncé l'arrivée imminente d'agents européens, missionnés par le gouvernement américain mais nous ne savions rien de leurs motivations.

Il fallait donc redoubler de vigilance et la moindre erreur de communication pouvait être fatale. 

Avec notre leader, nous avions convenu d'envoyer la communication suivante :

"Le vieux Mick Sachertorte se remet au bluegrass".

Nous avions tout prévu. Ce Mick Sachertorte a réellement existé et s'était réellement remis à la musique. Sa carrière était suivi de près par le président John D. Bielefeld. Un accident de voiture lors du festival de country de Nashville en 4500 avait brisé sa carrière, alors au sommet.

Il plonga dans le coma, tout comme les industries du disque , et ce dans une profonde crise qui mis les Etats-Unis en état de choc et de chaos : ce guitariste hors pair était devenu le pilier de son économie. Ceux pour qui l'artiste ne leur faisait ni chaud ni froid étaient réduits à l'exil dans la colonie russe de Nazibirsk, que nous rebaptisâmes Shoah, pour Shelter Of The Associated Hippies.

La nouvelle de son réveil, quinze ans, plus tard, était un espoir pour nous de quitter la colonie et retrouver une vie normale. Mais c'était sans compter les directives du fédéral : nous devions prouver que l'enfant prodigue du continent ne nous laissait plus indifférent et que l'affection que nous lui portions était sincère.

Nous eûmes à subir des dizaines de tests, tous sous détecteur de mensonges. Malheureusement, nous échouâmes et fûmes condamnés à rester en exil jusqu'à la fin de nos jours.

Notre seul exutoire était ce télétransmetteur, trouvé dans un delphinarium abandonné en Floride peu avant notre départ forcé, qui nous permettait de communiquer en totale discrétion avec nos proches restés au pays.

Ce dernier message, c'était notre bouée de sauvetage, notre bouteille à la mer, et savions que le président aurait vent de ce message, car les agents interceptaient tout ce qui passait par les ondes à travers le monde.

Des bruits de pas se firent brusquement entendre. Ma femme se mit à crier mais se calma et les accompagna. La porte du bureau s'ouvrit et quatre agents de l'Etat, lunettes noires et casquette vissé sur le crâne, s'approchèrent de moi.

"- Veuillez nous suivre. Le Président vous attend à l'extérieur."

J'eu à peine le temps de prendre quelques affaires que j'embarquai dans l'hélicoptère présidentiel. 

"- Nous avons intercepté votre message à l'instant et sommes désormais convaincu de votre attachement à notre pays et à son apôtre de la musique. Bienvenus aux Etats-Unis, chers concitoyens."

Ma femme se jeta dans mes bras, en larmes. Je savais que nous y arriverions. Dix minutes plus tard, l'hélico se posa dans un terrain vague, près de la maison familiale. 

Mes parents et ceux de Kate courrurent nous embrasser. Ils me tendirent le message que nous avions communiqué. Les gouttes, qui tombèrent de mes yeux, rebondissaient sur la feuille, comme lors des premières pluies de printemps à New York. Ma mère me tendit une couverture et me débarrassa de mon vulgaire pagne.

 

L. P.

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