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Amour en otage

Anchor 27032017

Le téléphone portable sonna trois fois. Je devais attendre ces trois sonneries avant de décrocher.

Une fois que j'avais appuyé sur le bouton qui me mis en contact avec mon interlocuteur, j'usais de mon accent favori : le russe alcoolique.

- Que me voulez-vous ? dis-je en me retenant de rire

- Ne jouez pas au plus futé, je sais que vous n'êtes pas sincère. 

- Mais si, je vous le jure ! répondis-je en essayant de garder mon sérieux le plus possible.

Le jeu continua pendant cinq minutes. Mais plus le temps passait, moins je me sentais à l'aise. Je pris conscience que ce n'était pas la situation habituelle quand j'attendis un aboiement. 

- Canular, couché !

Les aboiements se firent toujours entendre. Soudain, un claquement retentit. Un long silence s'écoula avant que je prenne conscience que le chien avait été abattu.

- Bon, fini de rire, cher ami. Vous n'êtes pas sans savoir que je comptes héberger votre ex-petite amie. Et quand je dis cela, je veux bien sûr parler d'un séjour très spécial. Vous me comprenez ?

- Je comprends que vous l'avez prise en otage et que vous voulez marchander sa libération contre une somme d'argent, comme il est coutume dans ce genre de situation.

- Pas du tout, mon cher. Elle va très bien, et je ne la tiens pas en otage. Je lui ai juste donné un billet aller pour Avatar, en Alaska, pour qu'elle fasse le point sur votre relation. Si elle décide de rompre avec vous, elle reste avec moi pour toujours. Sinon, elle revient chez vous.

- C'est tout comme pour moi. J'ai accepté votre jeu pour avoir des nouvelles d'elle, tout ça pour m'apprendre qu'elle risque de tomber dans vos bras. 

Ma voix devenait plus aiguë et ma main droite tremblait. Son attitude désinvolte à mon égard me mettait hors de moi.

Un livre trainait sur la table, où il était écrit : "No made you a good man", signifiant "Dire non a fait de vous un mec bien". L'auteur de ce livre n'était autre que l'homme avec qui j'étais en ligne. 

Je l'ouvris et pris une page au hasard. Il y parlait d'une relation conflictuelle qu'il avait eu avec une jeune femme, une certaine Tara. Il y évoquait le plaisir qu'il prenait à la contredire, à lui faire revivre des souvenirs difficiles, comme la mort de son père, ancien pilote dans l'armée canadienne. Il se trouvait que le père de Patsy était un pilote émérite, l'As des nuages, comme il aimait à dire.

- Qu'attendez-vous de moi ? Que je refuse d'entrer dans votre jeu pervers ? Que je dise non, comme dans votre livre ?

- Mon livre pourrait vous apporter la réponse, comme il pourrait ne pas vous en apporter. Soit vous tenez à elle , soit vous tenez à vous-même. Il vous reste deux minutes pour vous décider.

- Vous n'êtes qu'un pirate de l'amour , comme tant d'autres, lui dis-je, tentant ainsi de soulager mes tremblements.

- Un pirate pille, mon cher. Moi, je ne fais qu'ouvrir le coffre, libre à vous d'en récupérer ou non le trésor. 

L.P. 

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